Confinement et télétravail, quelques considérations et pistes pour faciliter le travail

Cela fait plusieurs semaines maintenant que nous sommes confiné.e.s. Pour un certain nombre d’entre nous cela veut dire travailler depuis chez soi. Être en télétravail. Et ce télétravail peut être vécu comme une chance ou comme une contrainte.

 

Constats concernant le télétravail en période de confinement

Pour un certain nombre de personnes c’était déjà existant dans leur pratique professionnelle.
Pour un certain nombre d’autres personnes et un certain nombre d’organisations de travail (entreprises, associations, structures diverses), cela a été une obligation. La découverte de ce mode de fonctionnement n’est pas toujours aisée : qui, quoi, comment? Parfois les managers ou directeurs.trices ont dû acheter en catastrophe des ordinateurs pour les salarié.e.s ou trouver des téléphones.
Et les uns et les autres ont fait au mieux. Aujourd’hui, nous savons que le confinement va encore durer quelques semaines. Il est donc important de se poser dans un fonctionnement satisfaisant pour tout le monde.

Le télétravail en confinement n’est pas juste une modification de la manière de travailler.

Le confinement est un choc sociétal majeur qui a des effets. Cela a des effets sur la vie chez soi, sur les relations sociales ainsi que sur la vie économique et donc les manières de travailler. Il est nécessaire d’en tenir compte!

Il est indispensable d’intégrer et cela n’est pas anecdotique que le fonctionnement en télétravail n’est pas juste une transposition du fonctionnement qui existait, dans l’organisation de travail, chez les personnes qui se retrouvent en télétravail.
Pour dire les choses autrement : vous ne pouvez pas, responsables, cadres intermédiaires et employé.e.s, fonctionner comme si vous étiez dans vos locaux alors que nous n’y êtes pas. Cela ne peut pas tenir sur le long terme.
Cela ne peut pas tenir sur le long terme parce que les conditions du télétravail sont différentes pour chaque personne, et l’adaptation aussi.
Cela ne peut pas tenir sur le long terme parce que les personnes confinées ont des vies personnelles qui elles aussi sont confinées : partenaires, enfants, animaux, parents âgés, etc. ce qui veut dire qu’il n’est pas possible d’en faire totalement abstraction dans l’organisation du télétravail.
Cela ne peut pas tenir car le confinement a des effets sur les personnes : psychologiques, physiques, émotionnels. La vie est quelque peu suspendue. En faire abstraction revient à condamner le télétravail à l’échec ou à possiblement confronter les salarié.e.s concerné.e.s à des situations de souffrance [au travail] chez soi.

Le télétravail ne suspend ni le code du travail, ni la responsabilité de l’entreprise/association/structure , ni les missions des salarié.e.s. Le télétravail ne suspend pas la prévention des risques psychosociaux (RPS).

 

Pistes pour accompagner et faciliter le télétravail

Les échanges et consultations que je fais en ligne avec des personnes dont certaines sont en télétravail m’ont amené à un certain nombre de constats. Ceux-ci me conduisent à proposer quelques pistes pour accompagner et faciliter le télétravail particulièrement lorsque les personnes concernées travaillent en équipe.

  • Prévoyez des temps institutionnels hebdomadaires avec les équipes. Bien sûr, les réunions d’équipe / de service ne peuvent plus se dérouler selon les modalités « présentielles » mais un temps hebdomadaire est à maintenir. Cela permet de faire faire le point sur l’activité en cours mais également de prendre la température du moral des personnes. Que ce soit par téléphone ou en visio, il y a suffisamment d’outils numériques accessibles pour permettre cela. Et si tout le monde n’est pas à l’aise avec ces outils, prenez un temps en tête à tête pour en guider l’installation et l’utilisation. Ce qui peut vous paraître comme du temps perdu est du temps gagné pour la suite

 

  • Les salarié.e.s qui bossiez en équipe avant le confinement, créez-vous un groupe sur une appli . Dites-vous bonjour le matin et rythmez votre journée : il est possible de faire une pause café à plusieurs alors que chacun.e est dans des lieux différents. Gardez le lien (et non vous n’allez pas soudain vous entendre avez les collègues que vous n’appréciiez pas avant le confinement). Inventez vos petites habitudes ou rituels.

 

  • Organisez et délimitez, physiquement, votre espace de travail. Si vous avez un bureau à vous, tant mieux. Si votre espace de travail est dans un lieu de vie commun, osez être créatif.ve.s !

 

  • Faire du télétravail n’est PAS être disponible tout le temps 24/7. Le temps de travail est à déterminer et efforcez-vous de vous y tenir ! Éteignez votre ordinateur, coupez le téléphone lorsque votre journée de travail est terminée. C’est tentant de jeter un coup d’œil à ses mails dans la soirée ou pendant le week-end. Si vous ne le faisiez pas avant le confinement pourquoi le feriez-vous maintenant ? Et si vous le faisiez avant le confinement, est-ce que cette situation ne serait pas l’occasion de tester autre chose ?

 

  • Managers et directeurs.trices , vos employé.e.s / collaborateur.trices.s en télétravail ne peuvent pas ranger les enfants au placard pendant les heures « habituelles » de travail lorsqu’ils.elles sont sur site. Adaptez certaines de vos demandes et exigences. Et soyez vigilant.e.s à leur état psychique. L’expression de difficultés, de démotivation, les chutes d’activité, les changements d’humeurs brutaux… Cela peut être autant de signes, à ne pas négliger, que la personne ne va pas bien.

 

  • Employé.e.s , le télétravail est du temps de travail avec des obligations et des demandes de résultats / de reporting. Il est important d’organiser vos journées en fonction de cela. L’aménagement des horaires peut se discuter avec vos collègues et avec votre N+1.

 

Ce temps de confinement et de télétravail est aussi une occasion pour que vous expérimentiez ou renforciez ce qui peut paraître comme le plus grand des risques ou la plus grande des audaces : la CONFIANCE.
Dans tous les cas, souplesse et compréhension sont de rigueur! Vous faites du mieux que vous pouvez avec ce qui se passe et c’est déjà beaucoup.

Edit  : l’INRS a publié un dossier sur le sujet